Je me suis levé en retard ce matin-là, en dépit du fait que j’avais tout préparer pour quitter l’appartement sans réveiller ma merveilleuse Suzanne. Panne d’oreiller, comme on dit par chez nous.
Conséquence : décalage dans le plan de randonnée qui était déjà serré, prévu de Balstahl à Balmberg. Plus de 18 km avec d’importants dénivelés et un dernier bus à 19h30 pour rentrer à la maison.
J’avais donc préparé mon sac avec option bivouac au cas où je rate le dernier bus, ce qui pouvait parfaitement arriver.
Sur l’itinéraire, il y a un passage particulièrement peu sympathique qui est une déviation à 90% du parcours qui fait descendre d’environ 200m au fond d’un ravin vers un ruisseau boueux, puis une remontée tout aussi abrupte pour rejoindre le chemin normal qui lui poursuit paisiblement dans sa direction vers l’arrivée. Ceci est du – en principe – à des glissements de terrain qui, depuis des années, n’ont pas été déblayés… J’ai comme un doute.
Après un voyage en train avec de multiples changements et un petit café, j’arrive à pied d’œuvre au départ à 10h40 et entame une montée de 483m altitude jusqu’au Schwengimatt à 1000m d’altitude que j’atteints juste avant 13h. J’ai donc effectué un dénivelé de 517m en 2h20min au pas de montagnard, sans halte (220m/h). C’est donc mon rythme de papy contemplatif à la montée sans franchissement d’obstacles difficiles, ni canicule. C’est bien de se tester et de se connaître !
Ensuite c’était un chemin de récompenses , jusqu’au sommet de la journée, à plus de 1200m, à travers prés, forêts et crêtes étroites et terreuses. Juste magnifique !
Le long des sentiers forestiers, j’ai vu plusieurs grandes fourmilières et quelque chose m’a intrigué. Pratiquement chaque une d’entre elles qui sont habitées présentent ces jours des amas très concentrés de petites fourmis formant des plaques bien délimitées. D’autres plus grandes fourmis les parcours ou circulent librement autour. J’ai l’impression que cela est saisonnier, car en d’autres saisons, je n’avais jamais observé ce phénomène. Je n’ai pas encore creusé le sujet. Si quelqu’un a une explication, je suis preneur, via ma page de contact. Merci.
Cette étape franchie, j’arrive au sommet appelé Hällchöpfli, vers 15h d’où la vue est exceptionnelle !
J’ai hésité à rester là pour la nuit, car, techniquement, c’était possible. Mais la perspective d’attendre encore sur place 4h sans bouger, avec quelques passages par heure de courageux randonneurs, sous un temps venteux, ne m’a pas séduit. J’ai donc poursuivi mon chemin par une descente à flanc de falaise sur un sentier étroit jonché par endroits d’une épaisse couche de feuilles mortes. J’ai sorti mes bâtons de marche et me suis aventuré lentement et très concentré dans cette descente assez vertigineuse. Le défi était de trouver où passer, sans s’appuyer sur des pierres qui roulent une fois le pied dessus, et donc le risque de perdre l’équilibre ! Je connaissais ce passage que je franchissais pour la troisième fois, sans crainte. En route, je réalisais en voyant l’heure d’arrivée prévue, tenue à jour par mon application Swisstopo, que je raterais très probablement le dernier bus pour rentrer. D’autre part, le ciel s’assombrissait et je me voyais déjà à la tombée du jour au fond de ce ravin, les pieds dans la boue, devant remonter et enfin trouver une place de bivouac pour la nuit. Perspective inconfortable… Alors j’ai fais le point et étudié une alternative dont j’ai trouvé l’indice en questionnant, lorsque j’étais au sommet, d’autres promeneurs sur leur provenance. Ils m’ont indiqué Niederbipp, qui est la ville juste en dessous, environ 800m plus bas. J’ai donc examiné cette alternative, et trouvé une halte de bus à Rumisberg, 300m au-dessus de Niederbipp, à moins de 2h de marche (à mon rythme) et dont la desserte se poursuivait jusqu’à plus de 19h. J’ai pris la décision d’adopter ce nouveau terme à ma rando. J’avais déjà ma ration d’efforts et de risques encourus pour aujourd’hui. J’ai donc rejoint mes pénates vers 22h avant un sommeil bien mérité. Lors de la descente, j’ai aperçu ce refuge communal le long de la route, qui pourrait aussi me servir de spot de bivouac « Observer » lors d’un prochain passage crépusculaire. J’ai effectué ainsi de nombreux repérages de spots de cette nature au fil de la journée.
En voici quelques uns en rouge :
J’appelle spot « Observer » une petite place suffisamment plate pour y installer mon bivouac Observer Carinthia, dont la hauteur est de 60 cm environ pour une place que est celle de mon matelas pneumatique (env. 1m x 2m). Voici à quoi cela ressemble, en forêt au bord du lac de Joux.